Christine Boutin

 

 

Mardi 1er février 2011, quai André-Citroën, dans le XVe arrondissement de Paris, Christine Boutin, 67 ans, reçoit dans les bureaux mis à la disposition de la mission « sur les conséquences sociales de la mondialisation », qu’elle conduit. Affable et volubile, elle jure qu’il ne s’agit pas seulement d’un lot de consolation offert par Nicolas Sarkozy après son éviction du gouvernement en 2009. Elle est indéniablement plus convaincante lorsqu’elle décrit les conditions de son renvoi brutal.

 

Faire toujours bonne figure, positiver en toutes circonstances, feindre l’indifférence lorsque les événements viennent à être défavorables. Bref, donner le change, quoi qu’il arrive. Christine Boutin, qui connaît ses classiques, n’entend pas déroger à cette règle d’or de la vie politique, dont l’inobservation porte généralement un coup fatal à toute ambition. Éphémère ministre du Logement au début du mandat de Nicolas Sarkozy, qui l’a congédiée sans un mot d’explication, « la mère Boutin » accueille ses visiteurs dans un petit bureau, situé tout en haut d’une tour sans âme du sud de Paris. Pourtant, les sommets de l’État ne lui ont jamais paru aussi lointains.

En plein exercice d’autosuggestion, elle clame, sur un ton un peu trop assuré : « Aujourd’hui, je suis dans une situation de plénitude comme je n’en ai jamais eu dans ma vie. En fait, même si on a abîmé mon image, ceux qui ont fait ça m’ont fait du bien sans le savoir. Ils m’ont fait prendre conscience de la souffrance de ce pays. » Comme pour mieux s’en persuader, elle martèle à plusieurs reprises : « Je ne suis pas morte, ils ne m’ont pas tuée. » Mais la méthode Coué a ses limites. Au bout de quelques minutes, l’armure se fendille. Elle laisse entrevoir une plaie toujours à vif. « J’ai été vidée le 23 juin 2009, je ne risque pas d’oublier la date », lâche-t-elle finalement.

Christine Boutin est une personnalité plutôt anticonformiste au sein de la droite française. À la fois insupportable et attachante. Surnommée par Libération « la catholique cathodique » de l’Hémicycle, elle s’est fait connaître du grand public à la faveur du débat sur le PACS, en 1998, auquel elle s’était opposée avec ferveur. Personne n’a oublié sur les bancs du Palais-Bourbon sa longue plaidoirie contre le droit au mariage – puis à l’adoption – pour les homosexuels, ses larmes, cet ouvrage tenu à bout de bras que tout le monde prit pour une bible, alors qu’il s’agissait du règlement interne de l’Assemblée… Ajoutée à ses précédentes sorties contre l’avortement, sa croisade contre le PACS lui valut de finir dans « Les Guignols de l’info »… sous les traits d’une truie, ce qui l’affecta terriblement. Mais Christine Boutin ne se résume pas à sa caricature. C’est aussi cette femme qui milite pour un meilleur partage des richesses, rendre leur dignité aux détenus ou aider les plus démunis à obtenir des logements décents.

Marginale, sa candidature à l’élection présidentielle de 2002 (elle obtient 1,19 % des voix) va toutefois conforter sa stature naissante. Bien conscient qu’il ne pouvait se permettre de s’aliéner l’électorat catholique traditionnel, Nicolas Sarkozy, pour éviter qu’elle ne se présente et ne lui chipe des voix au premier tour, en 2007, l’appelle à ses côtés à l’orée de sa campagne victorieuse. Et la récompense en octroyant à cette représentante de la droite sociale le poste de ministre du Logement et de la Ville, dans le premier gouvernement de François Fillon. « Rien n’obligeait le président à me mettre dans son gouvernement, sauf à ce que je représente, peut-être, un calcul purement électoral, glisse, légèrement perfide, Christine Boutin. C’était ma première expérience ministérielle, mais, pour moi, ce n’était pas une consécration, je ne rêvais pas d’être ministre. » Très vite, la novice doit déchanter. « J’ai été chargée du Logement et de la Ville, mais, dans les faits, seulement du Logement : ma secrétaire d’État avait le soutien politique, pas moi. » Sa secrétaire d’État, dont elle évite soigneusement de prononcer le nom, c’est Fadela Amara. Boutin-Amara, ou l’alliance de la carpe et du lapin, couple improbable, condamné à l’échec. Quoi de commun entre la fondatrice de Ni putes ni soumises, symbole de ces « jeunes-des-banlieues-issus-de-l’immigration » que la France semble incapable d’intégrer et l’élue de la chic et verdoyante commune de Rambouillet (Yvelines), dont la foi chrétienne guide l’action depuis toujours ? Le télescopage de ces deux fortes personnalités, aux tempéraments, parcours et convictions si différents, ne pouvait faire que des étincelles. « Si on a retiré la Ville de mes attributions, ce n’était pas un manque de confiance, mais un choix politique en faveur de ma secrétaire d’État avec qui je n’avais pas la même vision, résume-t-elle diplomatiquement. Je savais qu’en cas de conflit avec elle, je perdrais, ce qui n’a pas manqué de se produire. » Elle ajoute immédiatement, preuve qu’une catholique pratiquante ne tend pas forcément l’autre joue lorsqu’elle essuie un affront : « C’est vrai que je suis indépendante et que, moi, on ne peut pas m’acheter. »

Les deux femmes passent très vite un accord tacite, qui sera officialisé en janvier 2009 : la ministre se concentrera uniquement sur le Logement, sans se mêler des attributions de sa secrétaire d’État, protégée par l’Élysée au nom de la fameuse diversité. Las, Christine Boutin va vers une nouvelle désillusion. « J’ai toujours eu le sentiment de n’avoir aucun soutien politique, ni du président ni du Premier ministre. Mon action ne suscitait aucun intérêt, tout simplement parce que le logement n’intéressait personne. J’ai trouvé cela ahurissant. Ce ministère, c’était vraiment la cinquième roue du carrosse. » Elle ajoute, lucide : « En fait, les ministres du Logement n’ont jamais été de grandes personnalités, je crois. Ce n’est pas un hasard. »

Le désintérêt manifeste de l’Élysée comme de Matignon pour l’action de leur ministre se traduit de multiples façons. « Dès que le président fait une conférence de presse, ou prend simplement la parole, je peux vous dire que chaque ministre est particulièrement attentif, rapporte-t-elle. Eh bien, avec Sarkozy, le mot “logement” n’est, je crois, jamais sorti de sa bouche ! Je mets au défi quiconque de prouver le contraire. Il y avait vraiment un manque d’intérêt total, alors que j’ai travaillé comme une dingue. » Pour cette femme plus sensible qu’elle ne le laisse paraître, ce dédain flagrant est vécu comme une humiliation. « Franchement, quand on est aussi peu soutenu, être ministre, c’est terrible, inhumain même. D’ailleurs, je n’ai même pas eu de remontrances. Rien, tout simplement. L’indifférence absolue. »

Tenue pour quantité négligeable au sein du gouvernement, Christine Boutin le sera logiquement aussi au moment de son renvoi, qu’elle n’a visiblement pas pardonné à Nicolas Sarkozy – quoiqu’elle soutienne le contraire. « Les relations entre le président et moi sont paradoxales, c’est je t’aime, moi non plus, commence-t-elle, pour ajouter aussitôt : À partir du moment où il m’a vidée, je constate que sa cote de popularité n’a fait que descendre. C’est peut-être un hasard, mais peut-être pas. »

Pour Christine Boutin, le couperet est donc tombé le 23 juin 2009, jour de remaniement ministériel. Elle peut reconstituer cette journée maudite à la minute près. « Fillon me demande de venir le voir à Matignon, à 16 h 15, après les questions d’actualité. Il me dit : “Tu ne peux pas rester au Logement, ça ne va pas avec le président.” J’accuse le coup. Puis je lui réponds que, dans ce cas, je suis prête à m’investir sur le dossier des prisons. Il me dit qu’il va en parler au président à 18 heures. Je n’aurai plus jamais aucune nouvelle… Ensuite, j’ai appris la composition du nouveau gouvernement, comme tous les Français, en voyant Guéant [secrétaire général de l’Élysée] à la télévision. Lorsque j’ai entendu ça, j’ai dit à mon équipe : “On n’a plus qu’à faire nos cartons.” J’avais compris. Ils n’avaient pas eu le courage de me rappeler. » L’ordre, évidemment, est venu de l’Élysée. Six mois avant de la limoger, Nicolas Sarkozy aurait d’ailleurs confié au journaliste Franz-Olivier Giesbert, patron du Point : « Je n’en peux plus de cette connasse de Boutin. Je vais la virer très vite » (in M. le Président, Flammarion, 2011).

Désormais lâchée, on n’arrête plus Christine Boutin : « Je n’ai aucune envie de redevenir ministre, ça m’a vaccinée. Ne serait-ce que sur la forme, je continue de trouver la façon dont j’ai été virée complètement inadmissible. On était en 2009, on commençait à pointer du doigt les patrons qui vident leurs employés de manière brutale. Mais si, au plus haut niveau de l’État, on se comporte comme ça, alors il ne faut pas s’étonner. Il y a une valeur d’exemplarité quand même. L’exemple vient d’en haut, n’est-ce pas ? Ils m’ont vidée, violemment. Oui, humainement, la façon brutale dont on m’a traitée est inacceptable et scandaleuse. » Lorsqu’on lui demande si cette brutalité est la marque du sarkozysme, elle semble embarrassée. En politique expérimentée, elle s’en tire finalement par une pirouette : « Je ne sais pas comment ça se passait avec les autres présidents. » Une chose est certaine, elle n’a eu droit à aucune explication, surtout pas du chef de l’État, lui dont elle dit, faussement maternelle : « C’est un enfant. » « Pourquoi il m’a virée ? Je n’en sais rien du tout, personne n’a été capable de me le dire. Dans cette violence que j’ai vécue, j’ai surtout essayé de recaser mes collaborateurs. Je suis sans doute un dégât collatéral car il fallait rééquilibrer le gouvernement. Peut-être aussi que j’agace le président. Ce qui est sûr, c’est que Sarkozy a voulu me voir rapidement après. »

Dès le lendemain de son limogeage, Christine Boutin est contactée par le directeur du cabinet du chef de l’État qui lui propose de la recaser comme ambassadrice auprès du Saint-Siège. La ficelle est un peu grosse. Elle décline poliment. « Puis, très rapidement, début juillet 2009, le président m’a reçue et il m’a dit : “Pourquoi tu as refusé le Vatican ?” Je lui ai répondu : “Je ne veux pas être la catho de service.” Il avait l’air navré. Alors, il a dit à Guéant, qui était là : “On va donner une très belle mission à Christine.” Et on m’a proposé une mission sur la mondialisation, à la fin du mois d’août 2009. J’ai dit OK, car ça m’intéressait. » Les semaines qui suivent, Christine Boutin, qui n’a pas digéré les conditions de son départ, multiplie les attaques contre l’exécutif, pour le plus grand déplaisir de Nicolas Sarkozy. Finalement, elle signe sa lettre de mission « sur les conséquences de la mondialisation » en décembre 2009. Elle est à pied d’œuvre le 1er janvier 2010. Au moment même où son traitement de ministre – 14 000 euros par mois – arrive à son terme réglementaire… Pour la presse, Nicolas Sarkozy aurait voulu s’assurer que son ex-ministre garde sa langue dans sa poche qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Elle le contestera vivement. En juin 2010, elle dément ainsi, sur France Info, s’être « fait acheter par le président Sarkozy ». Lyrique, elle ajoute au micro de la radio publique : « J’ai une superbe mission, une responsabilité majeure qui va sans doute participer à la pacification mondiale. » Le Canard enchaîné vient alors de révéler que, pour cette mission, elle a été discrètement élevée au grade de « collaborateur de cabinet » auprès du ministre du Travail Éric Woerth, avec la rémunération afférente : 9 500 euros net par mois. Une somme à ajouter à son indemnité d’élue au conseil général des Yvelines (2 600 euros environ) et à sa retraite de parlementaire (à peu près 6 000 euros), soit plus de 18 000 euros au total, ce qui fait beaucoup.

Trop. L’affaire fait scandale. Sous la pression de Matignon et du ministre du Travail, Christine Boutin doit faire publiquement acte de contrition et annoncer qu’elle renonce aux 9 500 euros. Elle effectuera sa mission à « titre gracieux ». L’humiliation est totale. Elle pense aujourd’hui savoir à qui elle la doit.

« L’histoire du salaire, ça reste le moment le plus pénible de ma carrière politique, confie-t-elle d’une voix blanche, émue. On me dit que cette saloperie est venue de la droite, ce qui ne m’étonne pas. De l’Élysée directement ? C’est tout à fait possible. La politique est un univers impitoyable dans lequel on cherche sans arrêt à vous faire des crasses. Heureusement, j’ai réagi très vite. Il y a eu une tempête médiatique de quarante-huit heures seulement. » Elle dit avoir toujours en travers de la gorge les déclarations du ministre du Travail : « Interrogé chez Elkabbach sur Europe 1, Woerth m’a lâchée. Pourtant, quand il a été à son tour pris dans la tornade, avec l’affaire Bettencourt, moi je ne l’ai pas accablé, ce n’est pas mon genre. C’est dans ces moments-là que la personnalité des gens se révèle. » Éric Woerth appréciera le compliment.

Reste à savoir quel intérêt avait l’Élysée à torpiller la présidente du petit Parti chrétien-démocrate… En privé, elle confie à ce moment-là à son entourage que sa possible candidature à la présidentielle de 2012 constitue un mobile évident. « Il ne serait pas étonnant qu’ils aient voulu se débarrasser de moi car je peux prendre des voix à Sarko au premier tour. D’ailleurs, il est clair que ces 9 500 euros mensuels me manquent pour mon action politique, c’est là que je les aurais investis. En tout cas, j’ai vu la différence avec Woerth, le soutien dont il a bénéficié, alors que, moi, j’ai été lâchée en rase campagne, bien comme il faut, peste-t-elle, amère. S’ils avaient été malins, ils m’auraient gardée au gouvernement, pour me neutraliser. En plus, je suis une femme loyale. »

Christine Boutin a remis, dans une totale indifférence, son rapport intermédiaire sur la mondialisation en décembre 2010. Elle a annoncé, quelques mois plus tard, sans beaucoup plus d’écho médiatique, sa candidature à l’élection présidentielle de 2012. « Pour peser par rapport à certaines de mes convictions », dit-elle.

Elle précise aussitôt : « Même si je ne fais que 2 %, ils sont indispensables » – sous-entendu, à la réélection de Nicolas Sarkozy. Elle croit devoir préciser, en guise de conclusion : « Je n’ai vraiment pas de sentiment de revanche, je ne suis plus blessée, j’ai complètement tourné la page. » Positiver, toujours…

Sarko M'a Tuer
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